Médecins Sans Frontières (MSF) a suspendu, le 20 novembre 2024, ses activités médicales dans ses cinq structures à Port-au-Prince et ses environs. Cette décision, appliquée « jusqu’à nouvel ordre », fait suite à des incidents sécuritaires graves ayant mis en danger patients et personnel.
Dans une déclaration vidéo, Sandra Lamarque, coordonnatrice des opérations de MSF, a exprimé sa peine face à cette mesure. « Les portes de tous nos hôpitaux à Port-au-Prince et dans sa banlieue sont fermées. C’est une décision extrêmement douloureuse, le genre de décision qu’on aimerait ne jamais avoir à prendre », a-t-elle affirmé.
Cette suspension affecte directement les centaines de patients que MSF soignait quotidiennement. Beaucoup dépendent de ses services pour accéder à des soins spécialisés et gratuits, rares dans le contexte actuel.
La situation sécuritaire à Port-au-Prince s’est fortement dégradée. Sandra Lamarque a rapporté plusieurs incidents graves, notamment des patients enlevés de force d’une ambulance pour être exécutés et des menaces de mort et de viol adressées à son équipe. « Travailler dans de telles conditions est impossible et inacceptable », a-t-elle ajouté.
Malgré cette situation, MSF reste engagée en Haïti. L’organisation continue d’opérer une maternité dans le sud du pays et discute avec les parties prenantes pour reprendre ses activités à Port-au-Prince dans des conditions sécurisées. « Nous espérons pouvoir reprendre bientôt », a assuré Sandra Lamarque, soulignant l’importance de respecter les acteurs médicaux sur le terrain.
La suspension des activités de Médecins Sans Frontières à Port-au-Prince met en lumière un secteur médical haïtien déjà en crise profonde. Comme l’a souligné récemment le Dr Ronald Laroche, la violence des gangs et l’effondrement des infrastructures de santé privent la population de soins essentiels. Les femmes enceintes, en particulier, subissent de plein fouet cette situation, avec des décès tragiques faute d’accès à des chirurgiens ou anesthésistes.
L’absence de centres de maternité publics, l’insécurité qui paralyse hôpitaux et personnels médicaux, ainsi que la fermeture progressive d’établissements privés aggravent la détresse des patients. Le tableau dressé par le Dr Laroche, qualifiant la situation de « catastrophe sanitaire sans précédent », reflète l’urgence d’interventions concrètes.
Dans ce contexte, MSF rappelle l’importance du respect des acteurs médicaux pour permettre une reprise de ses activités et éviter un effondrement total du système de santé dans la capitale.
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