Haïti : à Cabaret, le gouvernement répond au massacre des gangs par un communiqué 

La violence des gangs armés a franchi un nouveau seuil en Haïti. Au cours des derniers jours, la localité de Labodrie, située entre Cabaret et l’Arcahaie, a été le théâtre d’un massacre, perpétré par le groupe criminel « Viv Ansanm ».

Les attaques, qui ont débuté le jeudi 11 septembre 2025, sont considérées comme des représailles après la mort d’un chef de gang, Vlad, lors d’un affrontement avec la police. Le bilan des victimes s’est alourdi au fil des jours, passant d’environ vingt à plus de quarante morts, parmi lesquels des femmes, des enfants et des personnes âgées. De nombreux habitants sont portés disparus, et des maisons ont été incendiées. La situation reste extrêmement tendue, les assaillants étant toujours présents dans la zone.

Les témoignages d’habitants dénoncent un abandon total de l’État. Selon eux, les bandits avaient annoncé leur offensive plus d’une semaine à l’avance, mais aucune mesure n’aurait été prise pour protéger la population. Le commissariat de Cabaret a été totalement détruit il y a plus d’un an, laissant la commune sous le contrôle total des gangs.

Ce n’est que le lundi 15 septembre que le gouvernement a réagi, publiant un communiqué pour affirmer sa « pleine mobilisation » et sa détermination à « traquer et neutraliser » les responsables. L’État a également annoncé le déploiement d’unités spécialisées et une aide aux victimes. Cependant, sur le terrain, ces promesses sont accueillies avec scepticisme. Des questions se posent sur la faisabilité des opérations, notamment l’accès à la zone, dont les routes sont contrôlées par les gangs. De plus, des observateurs se demandent pourquoi les drones kamikazes, utilisés dans d’autres régions, n’ont pas été déployés pour contrer la progression des gangs à Cabaret.

La population, habituée à ce type de déclarations officielles, note que le communiqué ne fait aucune mention des faiblesses structurelles de la police ou des possibles complicités au sein des institutions, un problème souvent soulevé en Haïti. Les phrases comme « les gangs ne seront jamais plus puissants que la République » résonnent de façon déconnectée de la réalité, où les symboles de l’État sont profanés et où les gangs affichent ouvertement leur pouvoir sur le territoire.

La communauté internationale a condamné le massacre. Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, s’est dit « profondément préoccupé » et a appelé à ce que les auteurs soient traduits en justice. Les États-Unis, l’Union européenne, la France et l’Espagne ont également exprimé leur indignation, soulignant l’urgence de renforcer la Mission multinationale de soutien à la sécurité pour aider la police nationale à rétablir l’ordre.

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