Le président français Emmanuel Macron a suscité une vive polémique à la suite de ses déclarations sur la situation politique en Haïti. En marge du sommet du G20 à Rio de Janeiro, une courte vidéo filmée lors de sa visite au quai de Valongo, site archéologique emblématique de la ville, ce jeudi 21 novembre 2024, montre le chef de l’État qualifiant de « complètement cons » les membres du Conseil présidentiel de transition (CPT) ayant décidé de limoger le Premier ministre Garry Conille. Des propos jugés inacceptables par les autorités haïtiennes, qui ont rapidement réagi.
Le ministère des Affaires étrangères et des Cultes (MAEC), Jean-Victor Havel Jean Baptiste, a convoqué ce jeudi l’ambassadeur de France en Haïti, Antoine Michon, pour exprimer son indignation. Une lettre de protestation a également été adressée au ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Le chancelier haïtien a dénoncé des propos inappropriés, soulignant qu’ils allaient à l’encontre des principes de respect et de coopération entre les deux pays. L’ambassadeur de France a reconnu le caractère malheureux des déclarations de M. Macron, tout en assurant que la France continuerait de soutenir Haïti dans ses efforts pour rétablir la sécurité et organiser des élections.
Le contexte de cette controverse remonte à des désaccords entre Garry Conille et le CPT sur la gestion de plusieurs ministères stratégiques. Selon le Miami Herald, ce conflit aurait conduit à la décision de révoquer le Premier ministre, nommé seulement cinq mois auparavant. Cette décision, perçue comme controversée, s’inscrit dans un climat de tensions au sein du gouvernement.
Dans un discours prononcé devant le Parlement chilien à Valparaiso jeudi sur la relation avec l’Amérique latine, Emmanuel Macron a tenté de recentrer le débat en rappelant le soutien de la France au peuple haïtien. Il a réitéré son engagement à accompagner le pays sur le chemin de la stabilité politique, affirmant que les Haïtiens méritent une situation sécuritaire et institutionnelle solide.
Cependant, ces déclarations n’ont pas suffi à calmer les critiques. Sur les réseaux sociaux, plusieurs voix se sont exprimées pour analyser les propos du président français. Joseph W. Alliance, politologue et expert en gestion de conflits, y voit une continuité d’une tradition diplomatique paternaliste de la France envers Haïti. Il appelle les dirigeants haïtiens à ne pas se contenter de protestations symboliques, mais à utiliser cette situation pour défendre la dignité du pays et s’attaquer aux défis internes.
De son côté, l’économiste Eddy Labossière a invité le CPT à clarifier les raisons ayant conduit à la destitution de Garry Conille. Il estime que l’absence de transparence dans cette affaire renforce les critiques à l’égard de l’actuelle transition politique.
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