L’identification en Haïti : quand l’urgence de la population dépasse l’inaction de l’ONI

Depuis quelque temps en Haïti, la carte d’identification nationale est devenue bien plus qu’un simple document administratif. Elle représente aujourd’hui un élément de survie. Car avec l’insécurité qui bat son plein et l’émergence du mouvement « Bwa Kale »,  ceux qui s’aventurent dans d’autres quartiers que les leurs, sont obligés de prouver leurs identités. Ce, afin d’échapper à des représailles qui sont désormais omniprésentes. Tandis que ceux qui n’arrivent pas, s’exposent à des risques graves dont la mort.

Pourtant, obtenir cette pièce demeure un parcours semé d’embûches. L’Office National d’Identification (ONI), chargé de la production et de la distribution des cartes, peine à répondre à l’urgence d’une population en crise. Malgré les 5,3 millions de cartes déjà distribuées, les défis logistiques persistent puisqu’environ 500 000 cartes restent non réclamées. À cela, s’ajoutent les déplacements massifs liés à la violence des gangs et aux rapatriements de nos compatriotes depuis la République dominicaine. Lesquels sont pour la plupart dépourvues de papiers d’identité. Une situation qui rend les déplacés ainsi que les rapatriés vulnérables face aux accusations infondées et à la justice populaire.

Les initiatives de l’ONI, comme les caravanes dans certaines zones urbaines, sont loin de suffir pour combler les lacunes. Beaucoup dénoncent la lenteur du processus, les erreurs administratives et l’incapacité de l’institution à s’adapter à l’urgence de la situation. Les cartes non récupérées s’accumulent, et ceux qui en ont besoin n’ont souvent ni les moyens ni les informations nécessaires pour les obtenir.

Dans un contexte où une pièce d’identité peut littéralement sauver une vie, les limites de l’ONI aggravent une situation déjà intenable. L’incapacité à apporter des solutions rapides renforce le sentiment d’abandon d’une population en détresse. Alors que l’urgence appelle à une action immédiate, la réponse administrative reste insuffisante, laissant des milliers de citoyens sans protection face à une crise humanitaire sans précédent.

Laurent Eugène
Infolive Haïti
contactinfolive@gmail.com

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *