Médecins Sans Frontières (MSF) a annoncé ce mardi la suspension de ses activités médicales dans ses centres de Turgeau et de Carrefour à compter du 9 avril 2025. Une décision motivée par l’attaque armée survenue le 15 mars dernier contre un convoi médical de l’organisation, marquant un second incident majeur en quatre mois.
Le convoi, identifié comme appartenant à MSF, a été pris pour cible entre ses deux structures médicales. Quinze coups de feu ont été tirés par des hommes armés, dont l’un portait un uniforme et une cagoule, selon les témoignages. Aucun blessé n’a été signalé, mais l’axe routier est désormais jugé trop dangereux pour assurer les déplacements du personnel et des patients.
« Cette route était vitale pour transférer les patients, faire circuler notre personnel et acheminer le matériel médical », a déclaré Benoît Vasseur, chef de mission de MSF en Haïti. « Il nous est impossible de garantir des soins de qualité en toute sécurité. »
Entre janvier et mars 2025, les deux centres avaient accueilli plus de 750 victimes de violences et traité environ 3 600 cas urgents. Ces structures figuraient parmi les rares à proposer gratuitement des soins spécialisés à Port-au-Prince, notamment en traumatologie.
Cette suspension rappelle le retrait de MSF de Martissant en 2022, où l’organisation avait dû fermer son centre d’urgence pour des raisons similaires liées à la violence des groupes armés. Elle souligne la persistance d’un climat d’insécurité qui réduit progressivement l’espace humanitaire dans la capitale haïtienne.
Malgré ce retrait, MSF poursuit ses activités dans d’autres zones du pays. Son Centre de Référence de Traumatologie de Tabarre et son hôpital à Cité Soleil restent opérationnels. L’organisation maintient également des cliniques mobiles dans plusieurs quartiers précaires, ainsi que des programmes de santé maternelle dans le Sud.
MSF n’est toutefois pas la seule entité confrontée à ces défis. La Croix-Rouge haïtienne, les hôpitaux publics, comme l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH), ainsi que d’autres structures appuyées par des ONG locales, peinent à maintenir leurs services face à l’insécurité croissante et au manque de ressources.
Selon l’Organisation des Nations Unies, 85 % de Port-au-Prince échappe aujourd’hui au contrôle des autorités, accentuant l’effondrement d’un système de santé déjà sous tension.
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