En Haïti, le mois de décembre a longtemps été synonyme de joie, de traditions familiales et religieuses ainsi que de retrouvailles chaleureuses. Cependant, aujourd’hui, entre l’insécurité, la crise économique et l’instabilité politique, les fêtes de fin d’année ont perdu de leur éclat. À l’approche de Noël, les Haïtiens s’efforcent de préserver l’esprit festif, mais les défis sont immenses.
Traditionnellement, décembre est une période de fête pour les familles haïtiennes : les maisons sont décorées avec des guirlandes lumineuses, les marchés débordent de produits festifs, et les familles se retrouvent autour de plats traditionnels comme le riz aux champignons avec de la sauce aux poulets locaux. Mais cette année, les rues de Port-au-Prince et des villes avoisinantes montrent un tout autre visage: l’insécurité a déserté plusieurs quartiers, un bon nombre d’entreprises ont fermé leurs portes, et les célébrations collectives se font de plus en plus rares.
Pour Jean, étudiant en psychologie, Noël n’est plus le même. « D’habitude, on décorait la maison, on préparait un grand dîner, les enfants reçoivent de l’argent de leurs proches tels que : oncle, tante, cousin, amis de la famille et autres. Ce, pour acheter soi des jouets ou autres choses comme des pi d’étoiles, des pétards, etc. Cette année, tout a changé !
Comme lui, beaucoup de jeunes préfèrent célébrer Noël cette année entre amis, chez eux, pour éviter les déplacements dangereux. En ce moment, les quartiers qui ne sont pas encore contrôlés par des gangs sont barricadés, et des brigades surveillent les allées et venues des inconnus de la zone. Cela fait se demander si Noël ne restera pas limité à chaque quartier.
Mme Cadet, mère de deux filles, fait tout pour garder l’esprit de Noël dans sa famille malgré les difficultés. « Je prépare toujours un bon repas avec mon mari pour que nos filles aient de beaux souvenirs. Ce n’est pas facile, mais c’est important ».
Son quartier étant épargné par l’insécurité jusqu’ici, elle se dit espérer à respecter certaines traditions comme aller à la messe, selon ses moyens. Malgré les changements, elle reste optimiste.
La période des fêtes, habituellement prospère pour les entreprises, est aujourd’hui marquée par les pertes. Pierre, propriétaire d’une petite entreprise de décoration, témoigne : « Décembre était jadis notre meilleur mois, mais cette année, les clients sont rares. Selon lui, les clients préfèrent aujourd’hui se limiter aux besoins essentiels. » Malgré tout, il continue d’espérer qu’il pourra gagner un peu d’argents pendant les fêtes pour pouvoir ramener un peu de magie dans son foyer.
Malgré les difficultés, les Haïtiens s’efforcent de garder vivantes les valeurs fondamentales de Noël : la famille, la solidarité et l’espoir. Pour beaucoup, cette période reste un moment où l’on trouve la force de sourire, de partager et de célébrer. Si la capitale est particulièrement touchée par l’insécurité et la crise économique, la situation est différente dans certaines villes de province où l’ambiance est souvent plus calme et les traditions seront plus facilement préservées.