Fritz Jean accuse Washington et Ottawa d’interférer dans la politique haïtienne

Lors d’un point de presse, ce mardi 25 novembre 2025, l’économiste et membre du Conseil présidentiel de Transition (CPT), Fritz Alphonse Jean, accompagné du conseiller Leslie Voltaire, a réfuté les restrictions de visa imposées par le gouvernement américain la veille. Accusé par les États-Unis de soutien à des organisations criminelles, l’ancien Premier Ministre a affirmé que la sanction est une mesure de rétorsion diplomatique liée à un bras de fer politique au sein du CPT autour du maintien du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé.

Une onde de choc a frappé le Conseil présidentiel de Transition (CPT) suite à l’annonce du Département d’État américain d’imposer des restrictions de visa à un haut fonctionnaire haïtien pour son soutien présumé aux gangs. L’ancien gouverneur de la Banque Centrale a tenu un point de presse pour aborder cette mesure. Bien qu’il n’ait ni confirmé ni infirmé officiellement figurer sur la liste des personnalités sanctionnées, il a fermement rejeté les accusations américaines le liant à la criminalité.

L’économiste a présenté cet événement comme la conséquence directe de la volonté de certains membres du CPT de procéder à un changement à la tête du gouvernement. Il a rappelé que la sanction intervient alors que des critiques accusent le CPT de vouloir rester au pouvoir au-delà de la date butoir du 7 février en changeant de Premier Ministre.

Révélations sur les pressions diplomatiques

Durant sa prise de parole, l’ancien Premier Ministre a révélé avoir transmis à la presse des extraits de messages échangés sur WhatsApp avec des représentants diplomatiques : l’Ambassadeur du Canada en Haïti et le Chargé d’Affaires américain, Henry Wooster.

M. Jean a affirmé que ces diplomates avaient clairement averti le CPT que si le Conseil ne renonçait pas à l’idée de remplacer le Premier Ministre, certains conseillers seraient passibles de sanctions diplomatiques, notamment des restrictions de visas.

L’objectif de cette pression, selon le conseiller, était de préserver le gouvernement en place. Il a d’ailleurs déclaré que : « Si nous ne renonçons pas à l’idée de remplacer ce Premier Ministre… ils couperont nos visas, couperont les visas de nos familles ».

Le Bilan contesté du gouvernement Fils-Aimé

Pour justifier sa position en faveur d’un changement de Premier Ministre, M. Jean a dressé un bilan critique de l’action gouvernementale sous Alix Didier Fils-Aimé, se concentrant sur les problèmes de sécurité et de gouvernance.

Fritz Jean a révélé que malgré l’adoption d’un « budget de guerre » allouant près de 7 milliards de gourdes aux forces de l’ordre, le gouvernement n’aurait réussi à exécuter que 33% de ce budget. Il a décrit cette sous-exécution comme une preuve de l’incapacité de l’équipe gouvernementale à répondre aux besoins urgents de sécurité et de la population.

De plus, l’ancien gouverneur a déploré le manque d’action du Ministère de la Justice face aux individus impliqués dans des crimes transnationaux circulant librement dans le pays. Il a également soulevé des questions sur la régularisation de 9,7 milliards de gourdes dans le budget rectificatif, une opération qui n’aurait fait l’objet d’aucune explication satisfaisante au CPT.

Le combat contre le système

Le conseiller Fritz Jean a conclu en opposant la sanction à la lutte pour la dignité nationale, affirmant que son action vise à mettre fin à un mode de gouvernement où « des personnes kidnappent le pays et prennent l’État en otage ».

Il a posé un défi en se demandant : « Si la lutte pour placer des personnes compétentes et expérimentées à la tête de l’État pour résoudre les problèmes de la population est un crime, je suis prêt à continuer cette lutte sans relâche pour cela ».

Cette confrontation directe entre un membre clé de la transition haïtienne et les puissances étrangères accentue l’instabilité politique à quelques semaines de l’échéance du 7 février.

Infolive Haïti
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