CPT : Quand l’appui de l’ONU est plus rapide que la volonté politique

À l’approche de l’échéance légale de son mandat, fixée au 7 février 2026, le Conseil présidentiel de transition (CPT) se trouve confronté à un bilan difficile à défendre. Près de 20 mois après sa mise en place, les promesses de rétablissement de la sécurité, d’assainissement de la gouvernance et d’organisation des élections restent largement non tenues.

Le Conseil Électoral Provisoire (CEP) a fixé le premier tour des élections au 30 août 2026, bien après la fin du mandat du CPT. Ce calendrier reste conditionné à un environnement sécurisé, encore loin d’être rétabli dans plusieurs régions. L’incapacité du CPT à organiser les élections à temps révèle son manque de leadership et suggère une stratégie de prolongation déguisée plutôt qu’une volonté réelle de restituer le pouvoir démocratique.

Les recommandations de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) concernant certains membres du CPT pour corruption passive n’ont donné lieu à aucun suivi effectif. Certains conseillers refusent toujours de rendre compte de l’usage des fonds publics. Cette persistance de l’impunité souligne la faiblesse structurelle de la transition et son incapacité à moraliser l’État.

Sur le terrain, la Police nationale d’Haïti (PNH), appuyée par les Forces armées et des volontaires locaux, a mené plusieurs opérations ponctuelles : libération d’otages à Kenscoff, reprise de zones contrôlées par les gangs, sécurisation de rues à Port-au-Prince et repousse d’attaques à Cabaret.

La Force de répression des gangs (FRG), déployée sous l’égide des Nations Unies, intervient désormais aux côtés de la PNH et des FAd’H. Forte de 5 500 membres et soutenue par le Bureau d’appui des Nations Unies en Haïti (BANUH), elle bénéficie de matériels modernes, dont 20 véhicules blindés fournis par les États-Unis, pour sécuriser les infrastructures et soutenir les opérations de stabilisation.

Parallèlement, la PNH poursuit son renforcement grâce au PNUD, à l’Union européenne et à d’autres partenaires internationaux : modernisation des équipements, développement d’unités spécialisées, formation du personnel. Ces efforts sont réels, mais ils ne sauraient compenser les manquements structurels et l’incapacité du CPT à conduire une transition crédible.

À quelques semaines de la fin de son mandat, le CPT ne peut prétendre à un bilan positif. Les élections restent reportées, la corruption et l’impunité persistent, et le contrôle sur certaines zones du pays demeure partiel. Si les initiatives sécuritaires et la coopération internationale sont des leviers importants, elles ne remplacent pas le leadership et la responsabilité politique que la transition doit démontrer. Le CPT respectera-t-il la fin de son mandat, ou prolongera-t-il une transition marquée par les promesses non tenues et l’inaction ?

Infolive Haïti
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